THÉOPHRASTE
Théophraste
(372 - 287)
Philosophe grec
"Et si quelqu'un venait à dire que le dieu nous a donné les animaux, au même titre que les récoltes, pour notre usage, je lui répondrais que lorsqu'on sacrifie des êtres vivants on leur cause bien quelque tort puisqu'on leur dérôbe l'âme."
(Théophraste transcription de Porphyre, Traité de l'abstinence
Avant que les Stoïciens n'imposent leur idéologie humaniste, leur cosmopolitisme tronqué, Théophraste énonce, contre ceux qui veulent voir une incompatibilité de principe, deux constats connexes qui construisent une seule loi d'universalité : d'une part, la philanthrôpia s'étend à tout le genre humain, laissant derrière soi comme non philosophique et non pieuse la distinction qui fait des seuls Grecs des hommes et transforme les Barbares en quasi-animaux privés du vrai langage qu'est la langue grecque; d'autre part, la philanthrôpia ne laisse pas les animaux hors du champ de sa tendre bienveillance et les rassemble, au contraire au bercail de l'humanitas. On peut dire que, chez Théophraste, l'antiracisme et l'antispécisme ne font qu'un.
(Elysabeth de Fontenay - Le silence des bêtes)
"Bien qu'une oikeiosis, écrivait Théophraste, nous unisse aux autres hommes, nous sommes d'avis qu'il faut détruire et punir tous ceux qui sont malfaisants et qu'une sorte d'impulsion de leur nature particulière et de leur méchanceté semble entrainer à nuire à ceux qu'ils rencontrent. Eh bien ! de la même façon, on a peut-être le droit de supprimer, parmi les animaux privés de raison, ceux qui sont par nature injustes et malfaisants, et que leur nature pousse à nuire à ceux qui les approchent. Mais, parmi les autres animaux, certains ne commentent pas d'injustices, leur nature ne les pousse pas à nuire; ceux-là il est à coup sûr injuste de les détruire et de les tuer, tout comme il est injuste de le faire aux hommes qui sont comme eux. Voilà qui semble révéler qu'il n'y a pas qu'une forme de droit entre nous et les autres animaux, puisque parmi ces derniers les uns sont nuisibles et malfaisants par nature, et les autres non - tout comme parmi les hommes."
"Pareillement, nous posons que tous les hommes mais aussi tous les animaux sont de la même race parce que les principes de leurs corps sont par nature les mêmes, et beaucoup plus encore parce que l'âme qui est en eux n'est pas différente par nature, sous le rapport des appétits, des mouvemenst de colère, des raisonnements aussi et par-dessus tout des sensations. Mais, comme pour le corps, certains animaux ont de même l'âme parfaite tandis que pour d'autres elle l'est moins; pour tous cependant, les principes sont pas nature les mêmes. La parenté des affections le montre aussi."
(Théophraste transcription de Porphyre, Traité de l'abstinence)