World music
WORLD MUSIC n. f. (latin : musicus worldus)
Show-b. : Catégorie musicale créée par le milieu dans les années 90 pour donner enfin leur chance à tous les artistes venus des pays en voie de sous-développement. C'est une avancée décisive pour la reconnaissance des cultures authentiques.
Techniquement, le principe est simple : préparer un play-back confectionné à partir de rythmes et de sonorités correspondant au goût du grand-public. Cette étape est très importante, elle devra être supervisée par un D.A. : en effet, il ne faut pas manquer sa cible et, ne serait-ce que par respect pour l'artiste des pays pauvres qui ne verra pas une telle opportunité se présenter à nouveau, on doit travailler à partir d'une base qui exclue les fioritures et surtout les rythmes trop compliqués.
Plus le budget publicitaire sera élevé, plus il faudra être attentif à ne contrarier aucun des auditeurs potentiels. C'est le b.a.ba du positionnement du produit dans le créneau le plus large possible.
Toute autre approche est évidemment du domaine de l'utopie.
Mais revenons au play-back, et signalons qu'il n'est absolument pas nécessaire d'utiliser des instruments acoustiques, surtout si c'est pour enregistrer des instruments que personne ne connait et qui sont de toute façon inaccordables (c'est là qu'on mesure le retard dramatique accumulé par certains pays en voie de sous-développement). La confection du play-back sera donc fréquemment confiée à un programmateur qui travaillera avec la technologie de pointe. C'est tout.
Ah oui, n'oublions tout de même pas ce qui fait la vraie particularité de cette démarche : le chanteur (ou la chanteuse) des pays pauvres. Une fois tout le reste fini, on le fait venir en cabine (pas besoin d'un hall de gare pour faire des voix). Éviter de le faire venir avant, ça complique tout inutilement. Deux ou trois prises suffiront, il a la musique dans le sang, c'est génétique. Il pourra dès lors retourner dans son pays pauvre ou mieux dans sa banlieue (en effet, pourquoi aller chercher ailleurs des gens qui ne parlent même pas français, alors que les oisifs pullulent dans nos banlieues ?).
Le D.A. pourra dès lors terminer le travail en faisant toutes les adjonctions nécessaires : choristes qui ont quand même une meilleure diction, réaccordage et remise en place des voix du chanteur qui finalement n'a pas fait un travail si pro, jouer sur un clavier un instrument exotique samplé (mais juste cette fois-ci). C'est du travail. Et mixer sans lésiner sur les effets, le grand-public en est friand.
Pour la sortie du disque il faut d'ores et déjà penser à préparer un clip, mais cette phase sera confiée à un autre spécialiste. Il faudra faire rêver le spectateur, on n'hésitera pas à aller tourner jusqu'en Tunisie ou au Maroc (si si), engager de nombreuses danseuses des pays pauvres (ou assimilables), travailler les décors et les maquillages pour faire quelque chose de vraiment différent (c'est important de se démarquer vous savez). À ce sujet, nous préparons actuellement un dossier sur le syndrôme de la plume d'autruche (dans le cul). Mais c'est du travail.
En attendant, bonne écoute.