#BalanceTonPorc : vous qui passez devant le mépris sans le voir
La rage m'a pris à la découverte de l'intitulé de ce #. Un mépris pour en combattre un autre. C'est finalement la tristesse qui l'emporte.
Mettons d'emblée les choses au clair : le sort des femmes dans ce monde m'importe depuis toujours. C'est une injustice fondamentale, dans toutes les cultures, sous des formes et à des degrés différents. La vulnérabilité des femmes au regard des hommes est insupportable. Ces hommes, je veux dire ces humains de genre mâle, puisque jusque dans les mots la domination transpire, m'inspirent souvent du dégoût. Je peine même à me considérer comme un élément de cet ensemble, tant la plupart des mecs se comportent d'une façon qui m'atterre. Ce sentiment me poursuit presque tous les jours, jusque dans les chiottes, lorsque je passe après un mâle qui vient de laisser une trace de son incontinence comportementale sur la lunette. C'est vous dire.
Mais je suis autant dégoûté d'être dans le groupe 'mâle' vis à vis des femmes, que dans le groupe 'humain' vis à vis des autres animaux. Alors oui, cet intitulé me choque. Je ne puis le faire mien.
Que des femmes se mettent enfin à dénoncer ceux qui les maltraitent, c'est un vrai progrès. Tant mieux, mille fois tant mieux. Même si, connaissant les zhumains, il y a des chances que des dérives de type lynchage voient le jour. Évidemment. Le prix à payer, hein. On se jette d'un coup, on suit le mouvement. Les peurs se libèrent, tant mieux. Mais les lâchetés aussi, puisque des exactions qui étaient sous les yeux de tous sont restées si longtemps sans réaction. Alors d'un coup tout ressort, du légitime courage des femmes concernées au dérives 'panurgistes' (je devrais pas) de ceux qui ne savent crier fort que du dernier rang. C'est même à ça qu'on les reconnait, les humains. Ils veulent combattre un mépris. Ils en utilisent un autre. Sans réfléchir.
Vous savez ce que c'est, un porc ?
Un porc, c'est un cochon que l'on décide de ne plus voir que comme une ressource alimentaire. C'est aussi le nom des morceaux de cadavres. Comme ça au moins c'est clair.
Un porc, c'est un cochon que l'on a décidé de ne plus regarder comme un individu. Ainsi on pourra facilement le mépriser. On pourrait dire : un cochon, des porcs. Ainsi, on pourra lui reprocher la saleté à laquelle on l'a condamné, résultat des ignobles conditions de vie que nous lui imposons. Si un jour vous croisez un cochon qui a une vraie vie de cochon, libre de s'exprimer, vous comprendrez tout de suite. Mais il faudra chercher, ça ne court pas les campagnes.
#BalanceTonVioleur - #BalanceTonHarceleur - #BalanceTonPatronQuiTeTripote - #BalanceTonPetitConDeVoisinQuiTeDitDesSaloperiesDansLescalier (au fait, vous savez d'où ça vient le mot Con ?) -#BalanceTonGroupeDadosQuiTeTraitentDePuteSaufQuandTuEsEnCombinaisonDeSki …
On n'avait que l'embarras du choix.
Eh bien non, on a choisi #BalanceTonPorc. Apparemment c'est ce qui résumait le mieux le sentiment. Ben oui, c'est même marqué dans le dico : "Porc : Homme débauché, grossier" (et c'est Robert qui le dit). Donc, on a le droit ! De la même façon qu'on a le droit de continuer à reproduire les attitudes sexistes qui sont encore légales ? Eh bien non. Le combat est en marche, depuis de longues décennies. Et je m'en réjouis, j'y participe dès que je peux. Mais quoi de plus triste que de combattre une injustice en alimentant une autre. Que de convoquer un mépris pour prétendre en combattre un autre.
J'espère juste une chose. Que, parmi les femmes qui dénonceront leurs propres souffrances, quelques voix s'élèveront pour refuser cet intitulé.
Avoir un combat d'avance, ce ne sera pas du luxe.
Pr Quolibet
#BalanceTonMepris
19 octobre 2017 Quolibet ACTUS
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