LA FLEXIÉTHIQUE : L’ÉTHIQUE DE DEMAIN

LA FLEXIÉTHIQUE : L’ÉTHIQUE DE DEMAIN

Chouette ! Interbev lance le site Naturellement Flexitarien.

Interbev, ça veut dire Interprofession Bétail & Viande. Comme ça présente moyen, sur leur logo, ils l’ont marqué en tout petit. En parlant de logo, celui de Naturellement Flexitarien, c’est une tête de vache. Faut pas pousser, ils n’allaient quand même pas mettre un topinambour. La flexibilité c’est comme tout, faut pas en abuser.

Je ne résiste pas à la tentation de vous livrer le contenu exhaustif de la voix off :

« Voici Thomas. Il aime la lecture, la musique, les séries en VO (attention humour), le yoga, les jus detox et les moments entre amis. Thomas se déplace en vélo et contribue à préserver la planète. Il aime tous les légumes, céleri, pois gourmands, topinambours (humour), poireaux. Il est passé maître dans l’art de les cuisiner. Et comme Thomas est flexitarien, il adore aussi la viande. Il a compris qu’être flexitarien, c’est manger mieux, grâce à une viande de qualité, responsable et durable. Et Thomas sait qu’il peut compter sur toute la filière pour ça. Aimez la viande. Mangez-en mieux. »

Les ficelles des publicitaires, engraissés aux euros qui ont une odeur de sang, sont ici de gros câbles rouillés, qui peinent à tracter la remorque des ferrailleurs des consciences. Ceci dit, moi je les trouve un peu timides finalement. C’est bien beau de nous parler de viande de qualité, responsable et durable. Mais c’est un peu maigre. Moi je reste sur ma faim. De vrais branleurs ces communiquants.

Ils pourraient nous initier à un tout nouveau concept, qui fait déjà fureur, et qui apparaitra tout bientôt dans le Robert : la Flexiéthique. Finie l’éthique à papa et sa doctrine rigide, proche de ce que les philosophes anciens appelaient la morale, concept hautement culpabilisant, source de mal-être (y’a pas que dans les abattoirs) qui peut même aller jusqu’au suicide. Il est temps d’arrêter le carnage.

La Flexiéthique vient corriger tout ça, offrant à chaque consommateur un cadre de bonne conscience à la mesure de ses moyens. Ben oui, tout le monde n’a pas fait les hautes écoles. N’ayons pas peur de parler vrai : l’élitisme insidieusement prôné par l’éthique à l’ancienne est criminel. Il faut qu’enfin monsieur et madame tout le monde puissent y trouver leur compte. Regardez ce bon Thomas par exemple, un gars pas très futé (un peu neuneu même diront certaines mauvaises langues). Mais on sent qu’il a bon fond. Il a bon coeur. Grâce au flexitarisme, fer de lance gastronomique de la Flexiéthique, il peut enfin se sentir bien dans ses pompes.

On remarquera particulièrement le slogan final « Aimez la viande. Mangez-en mieux ». Je vois d’ici le rictus de satisfaction qui a dû se former sur le visage du crétin (ou de la crétine, pas de sexisme ici) qui a trouvé la formule. Impossible évidemment de proposer « mangez-en moins », tant l’haleine au parfum si délicat de toute l’Interprofession, penchée sur les épaules des auto-proclamés créatifs du mensonge professionnel, fut probablement un rappel aux règles de la bienséance, l’usage des couteaux de boucher n’étant envisagé qu’en tout dernier recours.

La Flexiéthique, c’est comme le fromage : un concept qui doit s’affiner. S’ils ont besoin d’un coup de main, on peut les aider.

Pr Quolibev

24 février 2019 TRASH NEWS

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