LE GRAND BARBECUE
Vous sentez pas comme une odeur de brûlé au loin ?
C’est 'drôle', mais depuis le début de la restriction officielle des libertés, avant même que le mot de déconfinement ait été médiatiquement ressuscité, j’éprouvais déjà une sourde appréhension de la sortie officielle de cette passe. Comme si je pressentais d'emblée qu’aucune leçon ne serait tirée. Comme s'il me paraissait évident qu’un gros coup de déprime attendait tous ceux qui auraient pu, lors de bouffées délirantes, espérer une essentielle prise de conscience.
Je parle évidemment de la façon dont nous mangeons, je parle évidemment des élevages concentrationnaires, appelés industriels. Comme si le problème était l’industrie et non pas l’élevage. Comme si le fait de perpétrer sans cesse ces meurtres, de masse ou familiaux, pouvait rester indéfiniment sans conséquences.
Nous qui sommes engagés pour tenter de stopper la mise en pratique systémique de cette injustice fondamentale, nous savons fort bien que nous ne faisons pas partie du logiciel de pensée en vigueur. Nous en sommes même une marge perpétuelle, comme si les questions que nous posons n'arrivaient jamais sur le dessus de la pile, n'arrivaient jamais à être a minima prises au sérieux. La période qui va venir, malheureusement, risque une fois de plus de le confirmer.
Le "retour à la normale", comme ils disent. Ah certes, j’entends bien que beaucoup déclarent ne pas vouloir y retourner. "Il faut que les choses changent", nous disent la plupart de ceux qui ont une petite fibre écologique. Ils parlent de beaucoup de choses, certains en mettent en oeuvre. Et tant mieux, bien sûr.
Mais la prise de conscience de l'importance fondamentale de changer notre rapport à l'animal est marginale. Surtout en France, où le contenu de l’assiette des penseurs réputés les plus brillants semble étouffer instantanément leur vivacité d’esprit et les entraîner dans les zones marécageuses de la couardise et de la malhonnêteté.
Et ce, sous tous les angles possibles : éthique, climatique, celui de l'utilisation des ressources, de la pollution, de l'utilisation de la surface des terres, de la survie des habitants de la mer, de la 'faim dans le monde' des humains.
Et ce, contre toutes les évidences, contre toutes les preuves, désormais contre toutes les avancées et déclarations scientifiques, et même contre quasiment toutes les recommandations des experts qu'on a eu tant de mal à réunir hors du champ (de mines) des lobbies.
Alors oui, je la sens déjà l’odeur de la mort, maquillée en réjouissances, maquillée en 'nécessaire et bien compréhensible' soupape collective, obscène, ignoble, indigne.
Je suis déjà prêt pour le grand barbecue. Celui bien sûr auquel je ne participerai pas.
Je vous laisse conduire l'humanité à sa propre perte, entrainant avec elle la majorité des autres espèces.
Bon appétit messieurs dames.
J'ai honte pour vous…
Pr Quolibet,
(démoralisateur certifié)
23 avril 2020 Quolibet TRASH NEWS
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